Bienvenue sur le blogue collectif de créations littéraires des étudiants en Littératures de langue française de l'Université de Montréal.

« Écrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. »

Marguerite Duras


mercredi 25 mars 2009

La flore


Un

Voici ton secret petite fée
Voilà ton ciel étoilé

Deux

Au bout de ce sentier
Un monde enchanté
Que je te montrerai

Trois

Me voilà pénétré
Dans ta vierge forêt
Que c’est beau et douillet !
Je vais te trouver !

Quatre

Ton sourire et intact
Merveilleuse fleur
Tes cheveux dans les feuilles
Ton bouquet sur ma langue

Cinq

Mes doigts sur tes pétales
Sur le chemin des étoiles

Je butine rouge capucine
Tiens donc une abeille
Caresses du soleil

Prête pas prête, j’y vais !


Auteure : Croa le Corbeau

lundi 23 mars 2009

Thème de création : printemps


Je vous lance un nouveau thème pour ceux qui auraient attrapé le syndrome de la page blanche (il me semble fort cette année !) : le printemps !
Les petits z'oiseaux font cuit-cuit, les manteaux d'hivers se sentent délaissés, le soleil sent bon, les cabanes à sucre nous appellent...
À vos sens créateurs !
Mais attenttion, ça ne vous empêche pas d'écrire sur n'importe quoi d'autre !
Bonne écriture.

Te pardonner

Faire comme si je te pardonnais. Me mentir. Oublier les années d’attente. Je te verrais, je serais souriante. Je ferais comme si. Comme si j’avais accepté ta bague, cette bague qui était le signe immanent de notre amour. Te regarder dans les yeux, sans pleurer, facilement. Te mentir. Comme si je ne te trouvais pas pleutre de t’être sauvé. Te pardonner d’avoir trop souffert pour être vrai. Je te donnerais peut-être deux baisers sur les joues. Comme si tu ne m’étais pas redevable, même après tout ce temps. Comme si respirer n’était pas aimer. Comme si tu n’aurais pas dû continuer de respirer après mon départ. Je te parlerais comme si tu m’avais retenue ne serait-ce qu’une seule fois.

Oui, faire comme si je pouvais te pardonner. Ou fuir dans l’espace, ou saisir les nuages, ou cueillir une étoile.

Cesser de respirer simplement pour que tu comprennes. Puis souffler très fort. Te cracher en plein visage parce que tu m'horripiles. M'exploser vers toi, de rage. Piétiner la dignité que tu aurais dû avoir perdue. Caresser tes côtes avec la semelle de mon espadrille. Composer sur tes côtes un chef-d'oeuvre digne d'un Sostakovich, tes côtes les touches d'un organique instrument, mon pied comme mes mains qui glisseraient. Mais tu ne mériterais pas mes mains. Ah si, peut-être mes ongles, qui lacéreraient ton beau visage intouché par le malheur. Je signerais : "de la douleur", suite à mon oeuvre picturale. Transformation choc, "avant Julie", "après Julie". Je ne ferais que te vêtir de ce qui te sied. Ton corps doit porter les stigmates de ma venue, de notre extase, de notre effondrement. Si tu as voulu cacher les marques de ma perte, je t'en redonnerai souvenir. Mes ongles danseront sur ton visage comme tant de patineuses virevoltent sur des surfaces glacées, traçant des arabesques, arrachant la glace violemment, dans le simple but de produire de la beauté. Je ferai de toi un oeuve d'art, je te consacrerai, martyr de l'amour, pour que tu souffres encore, pour que tu souffres comme il se doit. Te cracher en plein visage, parce que tu nous as trahis. Cesser de respirer. Te priver de la caresse de mon souffle sur ta peau. Pour que tu comprennes.

Te pardonner; simplement dans mes pires cauchemars.